Les pénuries de main-d’œuvre et difficultés de recrutement font l’objet d’une attention particulière, notamment au sein du CESE Wallonie qui a rendu récemment un avis d’initiative à ce sujet.
Quelle est l’évolution du nombre d’emplois vacants en Wallonie ? Le nombre d’emplois vacants est-il plus important en Wallonie ? Cet article fait le point sur ces questions, en s’appuyant sur des statistiques récentes.

Les pénuries de main-d’œuvre et difficultés de recrutement retiennent périodiquement l’attention des médias. Un indicateur régulièrement présenté porte sur le nombre de postes vacants à un moment donné de l’année dont l’évolution donne une indication du dynamisme du marché de l’emploi et des tensions sur celui-ci. Pour évaluer ces dernières, il y a lieu de combiner les postes vacants avec un indicateur du temps nécessaire pour que le recrutement soit opéré.

Statbel réalise chaque trimestre une enquête auprès des employeurs, permettant de suivre l’évolution des emplois vacants avec une ventilation par Région et par secteur. Le taux de vacance d’emploi indique le rapport entre le nombre d’emplois vacants et la somme des emplois existants et vacants. Ainsi, le taux de 3,7% observé en Wallonie au 4° trimestre 2021 correspond à 39.400 emplois vacants, pour 1.011.700 postes occupés à cette période. Malheureusement cette enquête ne fournit pas d’indication sur la durée de vacance des postes.

Evolution du nombre d’emplois vacants et du taux de vacance d’emploi en Wallonie (2012-2021)

Le nombre d’emplois vacants a augmenté en Wallonie entre 2012 et 2021, principalement en 2017 et en 2021, suivant en partie l’augmentation du nombre de postes occupés. Le taux de vacance d’emploi est également lié à la conjoncture, il s’est tassé entre 2013 et 2016 ainsi qu’entre 2017 et 2020, pour augmenter fortement en 2021.

 Le nombre d’emplois vacants est-il plus important en Wallonie ?

Les données disponibles indiquent que la situation rencontrée en Wallonie est assez proche de celle de Bruxelles pour l’année 2021. Le taux de vacances d’emploi est nettement plus élevé et en croissance plus forte en Flandre, où il dépasse 5% depuis la mi-2021 avec plus de 130.000 emplois vacants. Le taux de vacances d’emploi est, sur longue période, plus important en Belgique que dans la moyenne de l’Union Européenne où ce taux était de 2,6% fin 2021.

La situation des emplois vacants est très diverse selon les secteurs. Fin 2021, il y avait 39.400 postes de travail disponibles en Wallonie dont 34.200 fixes et 5.200 intérimaires.

Les emplois à pourvoir étaient proportionnellement très nombreux dans les secteurs de l’information et de la communication, qui comprennent l’informatique (près de 12%), et dans le secteur horeca (près de 10%). Ils étaient également nettement supérieurs à la moyenne dans les secteurs de la constructionet des activités scientifiques.

 

Si des difficultés de recrutement étaient déjà présentes, dans certains secteurs, avant la crise sanitaire, elles semblent s’être renforcées avec la reprise économique observée en Belgique en 2021. Comme l’indique le Conseil Supérieur de l’Emploi dans son dernier rapport (1), la problématique a des causes multiples. Il peut s’agir d’un manque de candidats, d’une inadéquation entre les compétences demandées par les employeurs et celles des demandeurs d’emploi, de conditions de travail peu attractives en termes de rémunérations ou de pénibilité. En outre, la mobilité géographique ou professionnelle joue également un rôle ainsi que la mise en relation entre l’offre et la demande de travail.

Les écarts entre Régions reflètent des postes disponibles plus nombreux en Flandre. Ils s’expliquent également par des facteurs socio-démographiques. Les taux d’activité et d’emploi sont élevés en Flandre et la population active évolue peu, voire pourrait se réduire dans les années qui viennent. En Wallonie et à Bruxelles, le taux de chômage reste important et le taux d’emploi faible pour certains publics dont, notamment, les jeunes ou les personnes peu qualifiées.

Le CESE Wallonie a récemment adopté un avis proposant quelques mesures concrètes à court terme pour réduire les pénuries et les difficultés de recrutement, en lien avec le Plan de relance de la Wallonie. 

Consultez l'avis du CESE Wallonie

Avis A.1491