Dans l’interview publiée dans la revue Wallonie, Emilie Van Haute fait le point sur la situation politique en Belgique, deux ans et demi après les élections. La politologue et professeure de l’ULB aborde plusieurs thèmes : les relations entre les politiques et les citoyens, le positionnement des électeurs vis-à-vis du Gouvernement fédéral, les conséquences sur les résultats des élections, les effets de la crise sanitaire, la concertation sociale, l’éventuelle nouvelle réforme de l’état, les enjeux d’ici la fin de la législature… Voici une brève synthèse de cette interview, à découvrir dans sa version complète en cliquant ici.

En mai 2019, les élections fédérales et régionales avaient lieu. Aujourd’hui, qu’en est-il de la situation politique en Belgique ? Dans le prolongement d’un webinaire organisé sur cette question, nous avons interrogé Emilie Van Haute, politologue et professeure à l’ULB. Elle évoque notamment la détérioration du niveau de confiance envers les politiques, que ce soit à l’égard des partis, des politiciens ou du Parlement fédéral. A cela s’ajoute une polarisation « affective » croissante entre les citoyens, qui est plus forte dans certaines zones (essentiellement dans les bassins où la situation socio-économique s’est dégradée). Des mouvements qui ont eu des conséquences sur les résultats des élections : « Ce double fossé qui s’est creusé (entre les citoyens et les politiques, d’une part, et entre les citoyens eux-mêmes, d’autre part) a certainement eu un impact considérable sur les résultats électoraux, avec une montée des extrêmes ».

Les effets de la crise Covid

La crise sanitaire a également eu un impact considérable sur la relation entre les citoyens et les responsables politiques. Si, dans un premier temps, le niveau de confiance envers le Gouvernement a pu augmenter (avec le phénomène dénommé « rally around the flag »), celui-ci s’est amenuisé après quelques semaines. « Si initialement, la crise a rassemblé les partis politiques, des dissensions sont ensuite apparues, notamment dans la manière de la gérer. Il suffit de se rappeler comment se déroulaient les Comités de concertation et les discours, parfois divergents, à l’issue de ceux-ci… », constate Emilie Van Haute.

Le positionnement des partis radicaux sur les scènes politique et médiatique a aussi été influencé par la crise, comme l’explique la politologue.

Les enjeux d’ici la fin de la législature 

Pour Emilie Van Haute, le principal enjeu pour le Gouvernement fédéral d’ici la fin de la législature sera d’avancer sur une série de réformes de fond prévues par l’accord de gouvernement, mises entre parenthèses ces derniers mois. Il s’agit par exemple de la réforme des pensions ou du dossier de la sortie du nucléaire. Tout cela dans un contexte budgétaire difficile : « L’enjeu sera de pouvoir revenir vers les électeurs avec des avancées concrètes, afin de retisser les liens avec les électeurs dans la perspective du scrutin 2024. Le risque, si ce n’est pas le cas, est de voir les tendances centripètes de 2019 s’accentuer, et la polarisation mener à un blocage politique » conclut-elle.