Quelles sont les évolutions attendues au niveau de la population pour les 50 prochaines années? Cet article propose une synthèse des chiffres présentés par le Bureau Fédéral du Plan, en se centrant sur les perspectives pour la Wallonie. 

L’évolution de la population est un déterminant important de l’activité économique, de l’emploi, des services aux publics comme l’accueil des enfants, l’enseignement, la santé, ... La démographie influe également sur les besoins en logements ou en infrastructures, tant quantitatifs que qualitatifs. En outre, les évolutions relatives de population ont un impact sur les recettes des entités fédérées en Belgique. La Loi spéciale de financement utilise des clés liées à la démographie pour répartir les moyens entre les entités, principalement en matière d’enseignement, de santé ou de soins aux personnes

Le Bureau fédéral du Plan publie régulièrement des perspectives de population pour la Belgique et ses Régions(1) qui couvrent une période de près de 50 ans. La dernière publication indique que la population belge passerait de 11,6 millions de personnes en 2022 à près de 13,1 millions en 2070. L’évolution de la population d’un espace géographique donné sur une année dépend des naissances (+), des immigrations (+), des décès (-) et des émigrations (-). Les projections à un horizon temporel plus éloigné nécessitent la formulation d’hypothèses sur l’évolution future de la fécondité, de la mortalité, des migrations internationales ou encore des migrations internes au pays si l’on s’intéresse aux Régions.

Alors que la population wallonne a augmenté, en moyenne, de 13.000 habitants par an entre 1992 et 2021, l’augmentation attendue est de 4.500 habitants par an entre 2022 et 2070, avec une très faible augmentation autour de 2050. Ce changement est principalement dû à l’évolution du solde naturel (naissances-décès) qui est négatif depuis quelques années et qui devrait le rester sur l’ensemble de la période.

(1) https://www.plan.be/uploaded/documents/202301310641520.Persp_SHORT_DP22_12751_F.pdf

Les naissances sont passées de 40.000 par an en 2011 à 35.000 en 2020. Moyennant un nombre moyen d’enfants par femme de 1,7, le nombre de naissances se stabilise autour de 37.000 par an. Vu le vieillissement de la population en cours, le nombre de décès va augmenter, passant de 38.000 à 45.000 par an.

Le solde naturel négatif de la population wallonne est plus que compensé par les mouvements migratoires. Ceux-ci ont une composante internationale, qui peut varier fortement d’une année à l’autre en fonction notamment des conflits et des crises internationales. Les projections se basent sur l’hypothèse d’un solde net entre les immigrants et les émigrants internationaux d’environ 5.000 personnes par an vers la Wallonie. Les migrations entre Régions devraient amener également 5.000 personnes par an à s’établir en Wallonie, principalement en provenance de la Région de Bruxelles-Capitale. 

 

L’évolution attendue de la population par grand groupe d’âge indique une diminution des jeunes de 0 à 17 ans, une réduction de la population d’âge actif (18-66 ans) de l’ordre de 110.000 unités à l’horizon 2070, dont 60.000 d’ici 2042, une forte croissance du nombre de personnes de 67 ans et plus, qui passe de 500.000 en 2010 à 620.000 en 2022 et qui devrait s’élever à 970.000 en 2070 pour représenter alors 25% de la population wallonne, pour 17% en 2022.

Qu’en est-il dans les autres Régions ?

Pour l’ensemble de la Belgique, le solde naturel reste positif jusque 2045, puis devient négatif. L’immigration internationale devrait se stabiliser autour de 160.000 personnes par an, l’émigration concernerait un peu plus de 130.000 personnes annuellement. Le solde migratoire projeté se situe entre 25.000 et 30.000 personnes selon les années. La population belge devrait augmenter d’environ 40.000 unités par an durant les 10 prochaines années, ensuite la croissance sera moindre pour atteindre 20.000 unités par an autour de 2050.

L’évolution attendue de la population en Belgique est contrastée entre les entités. La croissance démographique d’ici à 2070 devrait être plus importante en Flandre (+12,5%) à l’horizon 2050, qu’en Wallonie (+5%) ou à Bruxelles (+2%). Les évolutions projetées pour la Belgique et la Communauté germanophone sont assez proches (+8%). Des clés liées à la démographie étant utilisées pour déterminer le financement de plusieurs compétences comme l’enseignement ou la santé, il est à craindre que les parts attribuées à Bruxelles, à la Wallonie et à la Fédération Wallonie-Bruxelles se réduisent dans les prochaines années.  

 

Et dans les provinces wallonnes

Si l’augmentation attendue de la population est variable entre les Régions, c’est aussi le cas entre les provinces wallonnes. Les deux provinces les plus peuplées, le Hainaut (+4%) et Liège (+2%) connaîtraient une faible augmentation de leur population. La croissance du nombre d’habitants de la province de Namur serait proche de l’évolution régionale (+5% environ). Les provinces du Luxembourg et du Brabant wallon, moins peuplées, connaîtraient une augmentation nettement plus rapide de leur population (+13 et +9%).  En nombre de personnes, la Wallonie devrait compter 180.000 habitants de plus en 2050 qu’en 2022, dont 40.000 dans le Brabant wallon, 50.000 dans le Hainaut, 25.000 dans la province de Liège, 37.000 dans le Luxembourg et 28.000 dans la province de Namur.

Les évolutions de la population constituent un élément important sur le plan économique, social et environnemental. La population wallonne devrait continuer de croître mais moins rapidement que ces dernières décennies. La part des populations wallonne et bruxelloise va se réduire dans le total belge ce qui pèsera sur le financement de certaines compétences. La population jeune et celle d’âge actif vont se réduire, en revanche le vieillissement de la population va s’amplifier. Ces éléments alimenteront les réflexions et futurs avis du CESE Wallonie ainsi que des instances dont il assure le secrétariat.