Depuis plus de 50 ans, le Laboratoire de Recherche des Monuments historiques (LRMH) participe activement à la restauration de monuments et d'œuvres mobilières protégées au titre des Monuments historiques en France et parfois à l’étranger. Lors d’une conférence organisée par la CRMSF, Aline Magnien, Directrice du LRMH, a retracé l’histoire et les missions du laboratoire et présenté quelques recherches récentes. Voici les principaux éléments de sa présentation. 

Dans les années 1960, Jean Taralon, Inspecteur général des Monuments historiques, défend l’idée d’un laboratoire scientifique pour les Monuments historiques. Ce dialogue entre art et sciences n’est pas nouveau puisque, dès le 18ème siècle, des recherches sur les techniques et les matières étaient menées, notamment dans le domaine de la peinture et, au 19ème siècle, de nouveaux outils et instruments favorisaient cette approche scientifique. Les outils et méthodes étaient d’ailleurs comparables à ceux développés en médecine à la même époque. Des laboratoires sont petit à petit institués dans de nombreux pays : à Berlin en 1888, au musée du Louvre en 1931, en Belgique en 1934 (IRPA), à Rome en 1939, etc. 

Trois missions 

Le LRMH est créé en 1967 et installé à Champs-sur-Marne en 1970. Ce service public national remplit trois missions principales :  l’étude de cas sur les œuvres (identification des matériaux, diagnostic sur la détérioration et la conservation des matériaux, environnement des œuvres et conservation préventive et suivis de chantiers), la recherche (sur les mécanismes de dégradation, l’efficacité et la durabilité des traitements de conservation et la conservation préventive) et la diffusion des résultats (formations aux nouveaux matériaux et aux nouvelles technologies, journées d’étude, etc.).  

Afin de mener ses missions, le LRMH se divise en plusieurs pôles scientifiques : béton, bois, grottes ornées, métal, microbiologie, peinture murale et polychromie, pierre, textile et vitrail. De plus, un grand centre documentaire en conserve les archives (plus de 5.500 dossiers d’analyse), des ouvrages et publications scientifiques, ainsi qu’une matériauthèque qui permet de comprendre, étudier et réinterroger de très nombreux matériaux (de la pierre au béton en passant par les textiles). 

De nombreux projets 

Lors de sa conférence, Aline Magnien a présenté les expérimentations suivantes : l’élaboration d’une vitrine à membrane en polymère poreux qui permet le maintien d’une humidité stable pour des œuvres à exposer ; des études sur les façades en plâtre ; des recherches sur le béton afin d’en assurer la conservation et la restauration ; des questions soulevées autour du brunissement et rougissement des plombs de couverture et le traitement par huiles essentielles et par UV-C contre les infestations micro- et biologiques. 

Enfin, elle a abordé la mobilisation du LRMH à la suite de l’incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, en aidant à élaborer les protocoles de récupération des matériaux sur place afin d’en assurer le tri, l’identification, l’entreposage et le réemploi. Le Laboratoire offre également son expertise aux maitres d’ouvrage pour d’autres défis posés par ce chantier de restauration (approvisionnement en pierres neuves, essais de déplombage, etc.). 

En conclusion, ce sont donc 34 personnes, dont 23 scientifiques, qui relèvent quotidiennement le défi de comprendre et de restaurer les biens patrimoniaux à l’aide de méthodes et d’équipements scientifiques, notamment en privilégiant les méthodes d’analyse non intrusives. Si la technologie de pointe est sollicitée, l’œil humain, une fois exercé, reste un incroyable outil intelligent pour observer et analyser le patrimoine. 

 A travers les quelques exemples présentés lors cette conférence, il est apparu évident que les problématiques auxquelles est confronté le LRMH correspondent à celles soulevées dans d’autres pays, dont la Belgique. Il est donc essentiel et passionnant de découvrir les recherches et résultats de ce Laboratoire et de profiter de ces échanges d’expériences et de pratiques.